Ni bâtiment officiel ni demeure d’habitation, l’Auditorium de Wanda Landowska est un exemple rare de salle de concert construite par et pour une musicienne. Édifié par l’architecte, paysagiste et designer Jean-Charles Moreux en 1927, il n’est pas dissociable de son jardin ni de sa situation dans Saint-Leu-la-Forêt.
Tirer parti de la spécificité du lieu.
L’auditorium a été conçu et implanté dans le contexte d’une propriété « traversante » entre la rue Charles de Gaulle, ancienne rue de Pontoise, et la rue de la Paix, ancienne rue des Maltâches, comprenant une maison d’habitation donnant sur la première et une maison de gardien donnant sur la seconde. Son implantation décentrée laisse la part belle au jardin et induit un cheminement permettant de découvrir l’édifice progressivement.
Bâtiment atypique car ses formes parallélépipédiques, son toit terrasse avec sa verrière, l’absence de tout ornement contrastent avec les édifices avoisinants. L’auditorium de Wanda Landowska a donc été conçu, dans le cadre du village que constituait le Saint-Leu de l’époque, comme un objet rare et, à ce titre, ne se confrontant pas au voisinage mais placé dans le cocon que constitue le jardin.
Lieu de mémoire autour de Wanda Landowska et de ses amis qui en firent un pôle de rassemblement des célébrités du monde culturel de son époque, ses dimensions modestes (250 m2) et ses possibilités d’aménagement modulable laissent libre cours à une grande souplesse d’utilisation.
Remettre en valeur l’œuvre originale de Jean-Charles Moreux
Les œuvres architecturales de Jean-Charles Moreux ont presque toutes disparu. Il fut pourtant, avec son ami André Lurçat, un des promoteurs du rationalisme et de la production en masse de logements sociaux, où l’hygiène et le confort étaient considérés comme une «nécessité impérieuse».
Si le mouvement moderne et ses formes simples (architecture de Robert Mallet-Stevens ou André Lurçat) viennent immédiatement à l’esprit en découvrant l’auditorium, l’architecture classique n’en est pas moins présente dans ces premières impressions.
Classique le bâtiment l’est par la symétrie présente dans le plan et dans la façade d’entrée (sud), tout comme l’arc en plein cintre de la porte principale l’est également. Toutefois si l’arc est gratuit et n’est en rien une contrainte constructive mais un effet ornemental, la symétrie du plan n’est pas en contradiction avec la fonctionnalité du programme, assez simple somme toute : une salle avec une scène et de petites annexes (sanitaires et office). Cette symétrie, bien que révoquée par De Stijl notamment, correspond, néanmoins, à la fonction du bâtiment. Elle est également atténuée par la position de l’auditorium dans le jardin ; en effet, la façade d’entrée, comme on l’a vu, très classique, ne fait pas face à une allée y menant mais à un massif végétal. Ainsi aborde-t-on le bâtiment de trois-quarts, ce qui évoque, en mineur, l’arrivée à la Chapelle de Ronchamp de Le Corbusier mais surtout laisse parfaitement découvrir en premier lieu la façade moderne (ouest) du bâtiment.
En revanche, l’absence d’ornements, exceptée la corniche qui protège la façade mais qui, elle aussi, a une fonction constructive, la pureté brute des volumes parallélépipédiques, l’utilisation de fenêtres en longueur, le toit terrasse, la composition des façades est et ouest, l’utilisation de matériaux industriels, sont autant d’intégrations de l’architecture moderne défendue par les différents mouvements internationaux comme le Bauhaus.
Redonner ses fonctions artistiques à l’auditorium
Le bâtiment a subi quelques errances après l’exil forcé de Wanda Landowska, avant d’être utilisé comme habitation et protégé par ses propriétaires actuels. La réhabilitation concernera chaque élément du lieu, à savoir : le jardin avec sa serre, l’auditorium et ses fonctions musicales et la maison de gardien. L’auditorium pourra offrir jusqu’à 120 places.
Pour cela sont prévus :
- Une réhabilitation architecturale du lieu,
- Des travaux acoustiques afin de permettre concerts et enregistrements dans de bonnes conditions,
- Des aménagements destinés à permettre l’accueil de tous les publics.
Tirer parti de la présence de la maison de gardien
Deux options peuvent être envisagées pour cette maison d’une surface de 80m² habitables :
- En faire un logement de fonction pour un intendant-régisseur présent en permanence sur le site,
- Y établir une maison d’accueil pour artistes, notamment musiciens, résidents, ou pour enseignants de master-classes.
Traiter le jardin comme un élément particulier
Le jardin fera fonction de sas entre le village et l’édifice, entre le bruit chaotique de la rue et le son maîtrisé de la musique, entre la rumeur de l’espace public et la concentration du musicien au clavier.
Le jardin conçu par Moreux est destiné à être inscrit dans le circuit des espaces verts remarquables du Val d’Oise. Sa rénovation permettra de créer :
- Un lieu de sensibilisation aux rapports entre paysage et architecture,
- Un lieu de sensibilisation au jardinage, notamment par la présence de la serre.
- Il pourra aussi constituer un espace vert destiné à l’accueil des usagers et de certains publics, notamment pour des soirées ou des réceptions proposées par des mécènes.